Corpus Numeriques, Langues Et Sens

La tension entre objectivation et ce qui permet/dépasse/entoure/précčde cette objectivation, semble aujourd'hui réapparaître, de maničre accentuée, par la prégnance grandissante de l'informatique en sciences du langage (SDL), désormais au coeur des traitements des corpus linguistiques numériques ou numérisés. L'effort objectiviste apparaît en effet relancé par un renforcement technique du paradigme empirico-inductif et l'amplification de tendances épistémologiques déjŕ bien présentes dans le domaine. Les interrogations qu'apporte l'« čre numérique », particuličrement en SDL, sont donc pour les auteurs l'occasion de développer ce qui constitue certainement une thématique transversale de l'ouvrage : l'évidence apparente que le traitement technologisé des corpus numériques fiabilise « le » sens, devenu plus aisément « traitable », « traçable ». Les contributions ici rassemblées exemplifient et interrogent cette tendance, en s'appuyant sur une perspective épistémologique et des références théoriques principalement empruntées aux philosophies phénoménologiques et/ou herméneutiques, lesquelles permettent de critiquer les formes de naturalisation du sens, qui tendent ŕ évacuer le « préréflexif », l'« antéprédicatif ». Cette réflexion prolonge et amplifie la problématique de la prise en compte des représentations du chercheur, en SDL, et plus largement en SHS.