L'Histoire N°497/8 : L'invention du Temps - Juillet/Août 2022

La pandémie de Covid a bouleversé notre rapport au temps. Il est le matériau des historiens. Mais trop souvent il nous semble relever de l’évidence. Notre numéro d’été démêle l’extraordinaire histoire des rapports des hommes et du temps. La fabuleuse histoire des calendriers. Depuis Babylone ou la Grèce, les sociétés humaines se règlent sur les astres. Mais lequel : le Soleil ou la Lune ? Ou les deux, au prix parfois d’acrobaties faites de mois intercalaires et de rattrapages incessants ? Sait-on que Jules César, pour remettre de l’ordre, imposa une année de 445 jours ? Qu’en 1582 le pape Grégoire XIII supprima 10 jours ? Une affaire de pouvoir. En Chine déjà le calendrier est une prérogative de l’empereur. Mais c’est évidemment l’empire romain devenu chrétien qui a imaginé puis imposé un temps universel. Ainsi sous Constantin naquit la semaine de 7 jours avec un dimanche chômé. Au Moyen Age, Bède le Vénérable calcula la date de naissance de Jésus, en l’an 754 de la naissance de Rome : ce serait l’an 1 de l’ère commune. Le monde l’adopta en 1884 au congrès de Washington. L’Occident avait gagné la guerre des calendriers. Cadences infernales. Le monde contemporain serait aussi celui d’une mesure de plus en plus précise, fouettant l’ambition de maîtriser la cadence, la performance sportive, la précision des tirs d’obus et bien sûr la productivité au travail. Le temps est aussi un puissant instrument de contrôle des sociétés. Serait-il au passage devenu inhumain ?